Ils étaient là avant nous. Nous sommes nés d’eux. Nous sommes faits de leurs plumes, de leurs écailles, de leurs cartilages, nous sommes dans leur peau. Nous avons des fonctions communes, des organes semblables, des gênes de grande similitude et dans les premières semaines de leurs vies nos foetus se ressemblent. Les sociétés les plus anciennes dont ils étaient les dieux les ont adorés. Les mythologies ont toutes célébré les noces entre les hommes et les animaux, les déesses faisaient alors l’amour avec des cygnes et les dieux se changeaient en taureau pour enlever des mortelles. D’autres, pour glorifier leur divinité, posaient en majesté sur leur corps humain une tête d’animal.
Qu’avons-nous fait pour nous séparer d’eux, décréter qu’ils étaient inférieurs, que non seulement la divinité dont ils étaient l’apanage symbolique leur était interdite mais l’intelligence, l’émotion, l’amour. Qu’avons-nous fait, en sortant des rituels, pour les élever et les tuer de la façon la plus barbare alors même que nous apprenons leur humanité à nos enfants à travers des représentations animales.
Des philosophes, des romanciers, des sociologues, des éthologues et de simples amis de la cause animale viendront nous donner leurs points de vue. Ils nous éclaireront sur la révolution fondamentale qui se joue dans ce siècle, alors que nous nous regardons avec horreur dans le miroir que nous tend une animalité qui nous interroge.
Paule Constant