Les frères Goncourt, qui avaient assigné au roman l’espace de l’actualité la plus sombre et de la réalité la plus sordide, s’évadaient par les arts dans un Japon millénaire et affirmaient leur admiration pour le dix-huitième siècle dont ils célébraient l’esprit, la grâce et … la femme. Leur oeuvre a réuni Germinie Lacerteux et Madame de Pompadour !
Comment les écrivains contemporains s’arrangent-ils d’un temps auquel ils ne peuvent plus échapper car, omniprésent, il se déverse en flot continu dans l’image, la parole et l’écrit de circonstance, inscrivant dans leur récit l’urgence de leur propre témoignage.
Ce sont les descendants des Goncourt, cette famille d’écrivains que les différents jurys Goncourt ont réussi, depuis une centaine d’années, à réunir à partir du testament d’Edmond, en ajoutant au fameux prix du roman, celui de la biographie, de la nouvelle, de la poésie, des lycéens et depuis la rentrée celui des détenus, qui peuvent en donner les réponses.
Pour l’écrivain le temps vécu se transforme en temps d’écriture, c’est-à-dire de recréation du monde. Dès qu’il écrit, l’écrivain échappe au temps des autres et son livre offre au lecteur un espace de réflexion comme de fuite sur les événements qu’il traverse dans l’accélération des commentaires médiatiques.
Nous sommes tous à rêver d’un livre sur le temps qui dépasse le temps.
Paule Constant