A un moment où l’on voit la science hésiter et où nous mettons en doute ses grands principes et ses immenses découvertes, tournons-nous vers la littérature qui, passé, présent ou futur, nous conduit, par la lecture, à une réflexion sur nous-même qui dépasse époques et modes pour éclairer le monde. Au Festival des Ecrivains du Sud, nous retrouverons Molière pour nous faire rire de ce que nous sommes, Proust pour nous retenir dans son univers fascinant. Aux patients du Covid, Camus racontera les hommes au temps de la peste et Giono au temps du choléra. A côté de ces grandes figures du passé que nous célébrerons, chacun des cinquante auteurs présents lors de ce festival 2022 se fera voleur de feu, porteur de torche, pour nous éclairer sur notre temps, ses contradictions, ses hésitations et ses crimes.
Si nous avons tenu à mêler nos romanciers à des historiens, des paléontologues, des musiciens et à un astrophysicien, c’est que la littérature appartient au même domaine de l’inscription et du mystère, du signe et de l’espace infini, de l’intime et de l’inconnu. Huxley dans Le Meilleur des mondes, Orwell dans 1984, Vercors dans Les Animaux dénaturés, Kourkov dans Le Pingoin avaient décrit sous couvert de science-fiction ou d’anticipation, le monde où nous nous étonnons de vivre. En republiant les prix Goncourt depuis l’origine, le Figaro, qui vient à Aix présenter en exclusivité les premiers volumes de ce projet, nous offre, sur un siècle, le miroir de nos goûts et de nos mentalités à travers la littérature.
Paule Constant